J’ai eu l’opportunité d’interviewer Yann Orpin, dirigeant de Cleaning depuis 7 ans, société crée par sa mère. Cette société de nettoyage est en forte croissance, elle compte aujourd’hui 150 personnes d’horizons diverses, 15% de personnes handicapées et 30% de seniors, pour ne parler que de ce qu’il a du chiffrer dans la cadre de contrôles liées à des obligations légales.

Yann Orpin est connu pour son approche naturelle de la diversité et sa vision de l’entreprise. J’ai été touchée par ses convictions et surtout son audace.

Quelle est votre vision du recrutement ?

YO: Je cherche à recruter des personnes motivées.  L’important n’est pas de savoir d’où partent les personnes, mais plutôt où elles veulent aller.  Pour moi, on a tendance à confondre compétence et diplôme en France. Par exemple, j’ai recruté un ancien maçon qui rêvait d’être comptable. Il a donc suivi une formation de quelques mois, avait des compétences remarquables, notamment en informatique, qui lui ont permis d’apprendre le métier très vite. Il fait son métier avec passion. C’est un recrutement réussi. Quand on laisse une chance à quelqu’un, en général, il la saisit. Et j’ai d’autres exemples de reconversion totale, il n’y a aucune raison d’hésiter, de toute façon le risque fait partie de la vie de l’entreprise. Et je crois à la volonté de s’en sortir.

Comment intégrez vous les personnes handicapées ?

YO: Il faut simplement montrer qu’il ne s’agit pas d’un handicap de compétence. Il ne faut surtout pas vouloir trop aider les personnes handicapés car c’est là que le risque d’exclusion survient. On peut même considérer l’intégration d’une personne handicapée comme une chance pour l’entreprise. Par exemple, j’ai embauché une personne sourde et nous nous sommes tous mis à apprendre le langage des signes. C’est ludique, on se retrouve autour de quelque chose de différent, en démarrant tous au même niveau. C’est l’occasion de découvrir ensemble, de créer du lien, de l’émulation.

Vous parlez de « management sans frontière », qu’est ce que ça signifie pour vous ?

YO: Pour moi on ne peut pas s’arrêter à l’entreprise il faut considérer la personne dans son ensemble. On doit d’abord voir la personne avant d’y voir un salarié. Par exemple, comme je crois beaucoup à la volonté de s’en sortir, j’ai recruté des personnes en situation d’exclusion, sans logement, qui avaient arrêté de travailler pendant des années. Je considère que je dois les aider à régler leurs problèmes personnels pour les intégrer au mieux dans l’entreprise. Je le fais aussi pour qu’ils aient l’esprit libre au travail et soient plus efficaces. Les gens savent que nous seront là s’ils ont un problème personnel, c’est certainement grâce à cela que nous avons un turnover très faible.

Comment gérez vous les sollicitations de la part des salariés, concernant leurs problèmes personnels ?

YO: Mon bureau est toujours ouvert. Je préfère parler d’entreprise solidaire que sociale et je pense que les gens font bien la différence. Je ne passe pas mon temps à régler les problèmes personnels de mes salariés, je les renvoie simplement vers des professionnels en qui j’ai confiance, par exemple les banques avec lesquelles j’ai des accords sur les taux d’emprunt.

D’où viennent vos convictions ?

YO : Issu de la fac et j’ai vécu la diversité dès la fac et pour moi le schéma de l’entreprise ressemble a ce que j’ai vécu. J’étais engagé dans une association de personnes handicapées de la fac de droit, j’ai vu les difficultés qu’elle rencontraient pour arriver à ce que nous avons, j’ai vraiment apprécié leur caractère battant. J’ai gardé une image très positive du handicap par ce biais là.