Thèse très intéressante : selon Yvon Gattaz, ancien président du CNPF, il faut éliminer le dialogue social, collectif et trop organisé et le remplacer par le dialogue humain, personnalisé.
Pour justifier sa thèse, il indique que « la performance des entreprises est inversement professionnelle aux taux de syndicalisation« .
Et explique que « de façon sociétale, les syndicats ont été nécessaires au XIXème siècle, utiles puis abusifs au XXème. Inutiles et nuisibles au XXIème, ils doivent disparaître »…« Les syndicats ont perdu toute légitimité et ne doivent leur survie qu’aux deux fils d’araignée incroyablement résistants qui les soutiennent encore, politiques et médias ». (Lire davantage sur Le Miroir Social)
Il est dangereux de croire que l’employeur va pouvoir assurer un dialogue social personnalisé.
Cela se heurte à 2 contradictions :
– une contradiction économique : pour mettre en place une telle stratégie, il faut que l’employeur dédie des armées de RH et que ceux-ci connaissent individuellement tous les collaborateurs. Rares sont les entreprises qui peuvent se permettre une telle dépense au retour sur investissement très incertain.
– une contradiction humaine : spécialement en entreprise, la somme des intérêts individuels ne fabrique pas un intérêt général. N’en déplaise au patron, les collaborateurs obéissent à des stratégies individuelles. Et elles coïncident de moins en moins avec celles des dirigeants. Car les objectifs d’un collaborateur se modifient au gré d’un contexte mondial, ultra rapide, individualiste, rationnel et désenchanté. Ses objectifs sont désormais de développer son employabilité (expertise, expérience, CV…) et de maximiser son salaire et ses conditions de travail. Les collaborateurs sont les premiers à le regretter, mais l’idée de l’aventure et du projet communs ressemble de plus en plus à un rêve que seuls partagent RH et dirigeants. Désolé, mais l’entreprise ne transcende plus beaucoup. Or seule la transcendance permettrait aux stratégies individuelles de s’effacer au profit du destin collectif. Alors on pourrait imaginer un modèle de dialogue individuel.
Mais ce n’est pas le cas.
Et comme il est obligatoire d’assurer la cohésion sociale de l’entreprise, les corps intermédiaires sont encore indispensables.
Qu’ils ne soient pas au niveau de professionnalisme attendu, que leur enfermement idéologique les rendent inaudibles et que leur stratégies politiques les décrédibilisent est une autre histoire.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’ils sont nuls qu’ils n’ont pas de raison d’être.