Vendredi soir, je regardais le JT de France 2.
Un des titre abordés, le stress au travail. Et ses remèdes.
Et bien voilà que pendant 2mn, l’entreprise Sodexo a été citée en exemple pour ses locaux tout beaux tout neufs. Fiers, les salariés interrogés ont indiqués qu’ils avaient été « consultés », via des groupes de réflexions, sur la couleur des murs et la disposition du mobilier.
Je ne fustige évidemment pas Sodexo. Tant mieux si leurs locaux sont paisibles et bien conçus : cela améliore évidemment le bien-être des salariés.
Mais je regrette la pauvreté et l’ignorance des journalistes.
2 aspects me mirent hors de moi :
1. Cette incroyable manière d’être passé à côté du sujet :
Le stress naît d’abord d’organisations managériales de plus en plus complexes voire carrément floues (avoir plusieurs chefs, mener plusieurs projets en parallèles…), de l’incertitude quant à ses propres compétences (vu qu’elles sont toujours remises en cause par un « monde qui change »), de la perte de confiance en soi qui en résulte, d’objectifs peu clairs…
A l’inverse, ce reportage donnait l’impression de salariés capricieux, à qui il eût suffit de donner un écran plat et un bureau lumineux pour que tout le monde soit content.
Il faisait la pub d’une boite de Tricostérils à un cancéreux.
2. L’inexistence des relations sociales dans nos entreprises :
Félicitations ! Un groupe de réflexion sur l’aménagement des locaux a été constitué.
A la dernière réunion de Délégués du Personnel, on a du frémir de plaisir !
La pose du vernis. Voilà ce qu’il reste comme sujet de discussion commun à la direction et aux partenaires sociaux pour lutter contre le stress.
En France, il est infiniment rare qu’une organisation du travail soit conçue en partenariat ou réelle consultation avec partenaires sociaux, voire même, plus important, le management intermédiaire.
Les simulacres de consultations le démontrent. Tout est décidé. Ensuite, il s’agit de faire passer la pilule le mieux possible en expliquant que l’on a pas le choix sinon on va mourir.
Et c’est dommage.
C’est dommage car on passe à côté de ce qui est important.
Le combat n’est désormais plus de faire -dogmatiquement- accepter le changement aux salariés. Ce combat est rétrograde et dépassé. Tout le monde a compris la nécessité du changement.
Norbert Alter ne parle pas de changement mais de mouvement.
Le combat -il me semble-c’est désormais d’emmener chacun dans ce mouvement, un mouvement qui lui est adapté et surtout, qui le respecte en tant que personne et en tant que travailleur.
Voici la clé des organisations efficaces et évolutives que nos entreprises doivent mettre en place.
Cela ne peut se faire qu’avec davantage de concertation.
Donc en pensant autrement.
PS : Vous pouvez revoir le super reportage sur le site de France 2.