J’ai été interpelée par l’article de l’Apec sur les universitaires qui titre j’ai fait la fac et alors ? suivi par des conseils « spécial universitaires ». Ca commence comme ça : « Plus de complexes vis à vis des écoles, voici comment séduire les recruteurs quand on vient de l’université ».
Coup de massue pour moi qui ai choisi la fac plutôt qu’une école et qui suis plutôt fière de mon parcours universitaire !
Je n’ai jamais songé à complexer face aux écoles, ni à avoir honte d’avoir « fait la fac ». J’ai eu des enseignants plutôt brillants et exigeants. Je n’ai pas eu spécialement de difficultés à trouver un stage, un apprentissage ou un job. Et je ne vois pas bien pourquoi j’aurais besoin d’un coaching spécial par rapport à un diplômé d’école…
Maintenant, si je prend un peu de distance sur mon cas personnel et mets la casquette de « recruteuse » (pour avoir pratiqué ce métier chez Johnson et Johnson, puis plus récemment chez PepsiCo), voila ce que je peux dire des « profils universitaires », en étant la plus objective possible :
– Les jeunes diplômés universitaires sont généralement moins bien préparés au monde professionnel, dans le sens où ils n’ont pas appris à se mettre en valeur et ont souvent moins d’expérience professionnelle -via les stages- que les étudiants sortis d’écoles. Ce qui peut parfois les desservir en cas de concurrence sur un premier job.
– Les réseaux d’anciens élèves sont généralement moins organisés et puissants que ceux des Grands Écoles. Or, en France le réseau aide beaucoup pour s’intégrer et évoluer professionnellement.
– La Fac assure une réelle égalité des chances et une diversité des parcours mais présente un grand risque. Les écoles de commerce ou d’ingénieur sont plus difficiles à intégrer mais on est certain d’en sortir avec le diplôme promis. La Fac est quant à elle une pyramide : tout le monde peut y entrer. Mais les parcours sont incertains et on n’arrive pas toujours au bout de ses ambitions. En effet, les véritables sélections arrivent bien tard (par exemple les Master 2, ex DESS et DEA). Et laissent alors les recalés équipés d’un diplôme parfois vague, le plus souvent loin de l’aspiration initiale. Ainsi, les étudiants se retrouvent « malgré eux » sur le marché de l’emploi, sans projet dans l’entreprise et forcement déçus de ne pouvoir aller au bout de leur premier choix. A ce moment là, effectivement, leur CV n’est pas adapté à l’entreprise et ils sont finalement obligés de reconstruire un nouveau projet professionnel. J’imagine que certains perdent confiance et on besoin d’accompagnement, notamment de la part de l’apec, mais je ne pense pas que ce soit leur rendre service que de les « comparer » aux diplômés d’école.
Mais, heureusement, pour ceux qui vont « jusqu’au bout » tout va bien. Sortent des Masters des diplômés que les entreprises s’arrachent et que les recruteurs connaissent bien. Pour ne citer que quelques exemples de Masters universitaires (source Challenges.fr, le dossier en cite 15 autres) :
–Master Montpellier 1 audit, contrôle finance, gestion patrimoniale
diplômés embauchés dès la sortie: 95% ; salaire brut moyen : 35 000 euros
–Master Bordeaux 1 Achat industriel et composants électroniques : 100% – 30 000 euros
–Master Université du Maine Acoustique des transports : 100% – 36 000 euros
Mais il serait faux de penser que les recruteurs sont sceptiques face aux universitaires, ou qu’ils favorisent les écoles. Les recruteurs parlent davantage de diplômes, non de fac ou d’école, elles recouvrent tant de réalités différentes…
Enfin, universitaire ou non, je vous conseille plutôt la lecture du retour de la fierté universitaire qui souligne la capacité d’adaptation et d’innovation des université françaises, notamment concernant la loi LRU « relative aux libertés et responsabilités des universités ».